Non, Manuel Valls, nous ne sommes pas dans l’erreur depuis 100 ans !

Lettre ouverte à Manuel Valls.

Monsieur le 1er ministre ;

« Le gouvernement n’a pas de leçons de gauche à recevoir de vous. Vous vous trompez depuis 100 ans ». C’est en ces termes particulièrement irrespectueux, mais qui témoignent aussi de votre mépris pour les hommes et les femmes de gauche de ce pays, que vous vous êtes adressés le jeudi 12 mai 2016 aux députés communistes au sein de l’Assemblée Nationale.

En tant que militant communiste, j’ai été particulièrement heurté par ces propos. Aussi, j’ai décidé de vous répondre. Avant de donner des leçons de politique aux autres, il convient déjà de commencer par se les appliquer à soi même.

Car permettez moi de vous le dire, monsieur le 1er ministre, depuis le début du quinquennat, vous vous trompez sur tous les sujets.

Sur celui des valeurs de la République, où vous vous êtes fait pendant de longs mois le porte-parole zélé de la déchéance de nationalité, mettant ainsi à mal des notions aussi fondamentales que celle de l’égalité entre les citoyens pour de simples raisons politiciennes. Devant l’incapacité de faire adopter une telle mesure, comme devant son inefficacité dans la lutte contre le terrorisme, vous avez fini par renoncer. Pourtant l’histoire se rappellera de vous comme du 1er premier ministre depuis le gouvernement de Vichy à vouloir instaurer une hiérarchie entre les citoyennes et citoyens français.

Sur la question Européenne, ou vous vous êtes signalé par des propos qui n’avaient rien à envier aux gouvernements populistes, voire d’extrême droite, de Hongrie comme de Pologne. Alors que l’urgence de la situation devrait nous imposer une solidarité sans faille, vous n’avez eu de cesse d’appeler au repli sur soi. Selon vos propres mots, « la politique migratoire de Mme Merkel n’est pas tenable sur la durée, l’Europe doit dire qu’elle ne peut pas accueillir autant de migrants ». Et que dire de l’accord de la honte, que vous avez ardemment soutenu, entre la Turquie et l’Union Européenne ? Faut-il vous rappeler qu’un des fondements de la construction Européenne n’est autre que la solidarité ? La question des réfugiés mérite autre chose qu’un accord avec un pays où le président foule au pied chaque jour les droits de l’homme. Elle mérite autre chose que la création de polices des frontières ou de « hot-spots ». Elle mérite une politique d’accueil ambitieuse, pour venir en aides à des femmes et des hommes qui fuient la guerre, la mort et la torture ! Pas de fermeture mais de l’ouverture !

Sur la question économique vous faites également fausse route. Nul besoin de mots pour l’expliquer, les chiffres parlent d’eux mêmes. 700000 chômeurs de plus en catégorie A depuis le début du quinquennat, une explosion des CDD, une pauvreté qui ne cesse de grandir… Pourtant vous n’avez pas économisé vos efforts pour faire plaisir… aux entreprises ! De votre fameux « J’aime l’entreprise » au congrès du MEDEF aux multiples cadeaux en direction du patronat, tel le pacte de responsabilité ou le CICE, votre quinquennat restera comme une période politique au service unique des grandes entreprises.  Avec quel résultat sur l’emploi ? Aucun. Où sont les fameux 1 million d’emplois promis par Pierre Gattaz suite au 4O milliards de CICE ? Inexistants. C’est une politique libérale particulièrement amère pour des millions d’hommes et de femmes que vous n’avez eu de cesse d’administrer au pays depuis le début de votre quinquennat. Il est bien loin le temps de « l’ennemi : c’est la finance ! ».

Et que dire de votre dernière « trouvaille », la fameuse loi travail. Faire des cadeaux aux entreprises ne vous suffit plus, maintenant c’est sur le droit du travail et la protection des salarié(e)s que vous avez jeté votre dévolu. Mais là aussi vous faites erreur. Inverser la hiérarchie des normes, faciliter les licenciements, contourner les syndicats… Rien de tous cela ne créera de l’emploi. Toutes les études le montrent, tous les experts le disent depuis plusieurs semaines ! Impopulaire dans l’opinion publique (74% des français s’y disent opposés) comme dans votre propre majorité, la sagesse devrait vous imposer de retirer la loi. Pourtant incapable de reconnaître vos erreurs, vous brutalisez la rue par la force et le parlement par l’utilisation abusive du 49-3.

Décidément, il est temps que ce quinquennat se termine, tant vous ne cessez de promouvoir des régressions sociales de plus en plus importantes.

Alors oui les communistes ont pu parfois commettre des erreurs. Mais à la différence de vous, leur engagement a toujours été mû par la satisfaction de l’intérêt du plus grand nombre. Depuis 100 ans, comme vous le dites si bien, nous ne sommes pas guidés par des questions de rentabilité, de déchéance de nationalité ou de notions sécuritaires. Nous sommes en revanches animés par des notions de solidarité, de partage, d’émancipation ou encore d’égalité. Des notions absentes de la politique que vous mené depuis votre entrée à Matignon.

Alors Monsieur le premier ministre, les communistes n’ont aucune leçon à recevoir d’un gouvernement qui fait l’exact contraire de ce pourquoi il a été élu en 2012. Et nous n’avons encore moins de leçons de gauche à recevoir, surtout pas de votre part.

Je vous prie d’agréer, Mr le 1er ministre, l’expression de mes salutations déterminées.

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